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zalandeau
11 novembre 2020

Le trou d'obus

GSM

Ecrit le 16 novembre 2008 par zalandeau

Les explosions se précèdent, se succèdent et se répètent, parfois proches, parfois plus éloignées. Il arrive que les tirs cessent… J’ouvre les yeux… Le mort, bleu vêtu, à deux mètres de moi, bouge… Ce sont les rats qui festoient… Un cri d’horreur muet ne parvient pas à sortir de ma gorge… C’est ainsi que nous finirons tous : Dévorés par des rats ! Je referme les yeux et je détourne la tête pour éviter de regarder à nouveau… Triste tentation de l’horreur, qui mène à la fin de toute vie…
Les canons se réveillent soudain. Les rats doivent se cacher. Ils se cachent toujours quand il y a du bruit… Nous aussi, nous sommes comme des rats, nous nous cachons dans des trous
Chaque obus trop proche, me donne des sueurs froides… Chaque explosion est la dernière, mais hélas, jusqu’à la suivante… Chaque fois, je suis surpris d’être encore vivant…
Me rendrais-je compte de ma mort ? Y a-t-il une différence ? Surtout ne pas être blessé ! La souffrance peut être atroce… Comme celle du Soldat Français près de moi. Il a gémi pendant longtemps, très longtemps… J’ai cru devenir fou… J’ai été très content qu’il meure enfin…
 
La terre tremble sous le bombardement. Je ne sais même plus si je tremble aussi... A chaque explosion tout mon corps se crispe, mon visage n'est que rictus, ma peur n'est que sueur et effroi...
 
Je suis seul avec ce Français... Hier, il a sauté dans mon trou d'obus. J'ai sorti ma baïonnette et je lui ai transpercé le ventre, deux fois... C'est de sa faute, il m'a fait peur... Il arrive avec son fusil, ses grenades... Je ne lui avais rien demandé. Je ne lui voulais pas de mal. Mais j'ai eu peur, alors je l'ai frappé le premier...
 
Il a agonisé toute la nuit... J'ai pleuré... Il aurait pu vivre... Il aurait pu aller se faire tuer cent mètres plus loin... Toute la nuit, je n'avais plus un ennemi près de moi, mais un humain qui souffrait terriblement... A cause de moi... A cause de cette foutue guerre...
 
Au petit matin, j'ai essayé de panser ses plaies avec de la charpie... Au moment où je m'approchais, il a cessé de respirer et s'est immobilisé, les yeux et la bouche grands ouverts... Je n'ai plus osé le toucher...
 
J'ai ramassé son portefeuille qu'il avait perdu dans la boue...
 
J'ai trouvé des photos... J'ai tué un père de famille... J'ai ouvert une lettre où j'ai lu le mot « chérie »... Je regrette ma curiosité morbide, car je ne parviens pas à chasser ces images...
   
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Commentaires
T
il faut l' avoir vécue, pour comprendre toute l' horreur d'une guerre, surtout quand on se retrouve seul sous une pluie de fragments de bombes !<br /> <br /> Il n'y a pas de guerre propre, et ce qui me dégoute ce sont les planqués qu'on honore !<br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> Amitié
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zalandeau
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