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zalandeau
26 novembre 2021

Convoqué chez le patron


GSM

Cela se passait : Première décennie du 21ème siècle (2008)...

Je ne regrette qu'une chose, c'est de ne pas avoir pensé à utiliser mon dictaphone, afin d'en garder le vivant souvenir...

Car je suis très fier de moi. C'est la fierté inutile de ceux qui ne possèdent que peu de choses à part la fierté de proclamer leur liberté et de montrer leur courage dérisoire. Cela donne la joute verbale dont je narre le déroulement...
 
En face de moi le Directeur d'affaire et le "patron" (c'est à dire le fils du vrai bon patron mort en 2004, fils, qu'on surnommait entre nous "le fils").
 
J'ai gueulé plus fort qu'eux.
Je leur ai fait le coup, comme je l'avais annoncé, de leur demander d'emblée de parler de mon augmentation.
Comme prévu, le patron s'est mis à hurler à la mort, comme si on lui arrachait son âme.
 
Son leitmotiv, c'était : Je vous ai donné une voiture de service, vous en connaissez beaucoup des patrons qui auraient fait ça ? Si vous n'êtes pas content, la porte est ouverte. (Il doit faire des opérations portes ouvertes)...
 
(Il m'avait "donné" une voiture parce que ça lui revenait moins cher que les indemnités kilométriques avec les nouvelles dispositions fiscales...). Manque de pot pour moi, l'investissement dans l'achat de mes véhicules n'était pas amorti. Je m'asseyais sur 36000 € (4000 €/an x 9 années).
Je le lui ai dit. Silence de mort. Ils étaient subitement sourds l'un comme l'autre...
 
Et dans la foulée j'ai poursuivi : " Puisque vous ne me donnez pas d'augmentation, vos reproches bidons, ne m'intéressent aucunement ".
Comme je me levais pour partir, le commercial m'a dit : " Vous êtes malpoli de partir. Je lui ai rétorqué : non je suis pas malpoli puisque je vous dis au revoir M XXX Au revoir M YYY ".
 
Je suis quand-même resté, (puisque j'avais droit à un rappel de la foule en délire), pour les agonir de vérités...
 
Mes propos furent (en vrac), car je ne me souviens pas dans quel ordre je les ai dit, mais disons que c'était à chaque fois pour en rajouter une couche en rebondissant sur leurs jérémiades :
 
" Vous avez un système de management de merde, basé sur la délation et l'épée de Damoclès et ce n'est pas comme cela que vous fidèliserez et motiverez vos équipes ".
 
" On peut faire 1000 choses bien, il n'y a jamais un compliment, par contre, vous cherchez la petite faille afin d'avoir un motif de refus d'augmentation, alors ne me chantez pas la messe, je la connais ".
 
" Vos véhicules ne durent que 120.000 km, parce que votre personnel vous baise les pieds par devant et vous crache dessus dans le dos et pour se venger, ils massacrent vos véhicules, c'est le seul moyen qu'ils ont de se venger en vous faisant perdre votre bien le plus précieux : le fric...
Mon véhicule tiendra 300.000 km, sauf accident, parce que moi, je ne sabote pas le matériel... "
 
" Vos reproches oiseux sont du niveau maternelle. "
 
" Savez-vous à qui vous parlez ? Vous avez embauché une bande de courtisans et de lèche-culs, mais des vrais hommes vous n'en avez pas vu beaucoup. Il y en a un devant vous, profitez-en ! Je n'ai pas peur de vous. J'ai été patron avant vous et votre cinéma, vous savez ce que j'en fais ? "
 
" Où j'habite ? Vous le saviez depuis mon embauche, c'est inscrit dans vos fiches. Alors épargnez-moi votre interrogatoire de police. Nous ne jouons pas dans la même cour. "
 
" Que je m'habille comme un ingénieur ? Tiens, vous vous rappelez que je suis ingénieur quand ça vous arrange ! Alors n'oubliez pas de le rajouter sur ma feuille de paye que je suis ingénieur, quand vous me vendez comme tel sur une mission, sinon je leur montrerai ma feuille de paye où vous avez omis ce mot. Je leur dirais que vous les avez escroqué... "
 
" Profitez-en de l'ingénieur ! Parce que là non plus, il n'y en pas beaucoup autour de moi (J'ai senti un froid chez le patron qui n'est non seulement ni ingénieur, ni ingénieux, ni doué, ni même intelligent)... "
 
" Et à propos de paye, quand vous me payerez une vraie paye d'ingénieur, je m'habillerai comme un ingénieur. Avant d'entrer chez vous j'avais costume trois pièce laine et soie, cravate et chemise en soie.
Vous savez que je m'habille maintenant aux puces, pantalon 15 euros, chemise 5 euros. Je n'ai jamais été aussi mal habillé que maintenant. "
 
" J'ai perdu 0,55 smic de pouvoir d'achat en 7 ans.
Sans compter toutes les dépenses professionnelles que j'ai engagées pour WWWWWW et que vous ne m'avez jamais remboursées. Vous êtes le patron le plus pingre que j'ai rencontré. Vous faites pourtant coeff 2,5 sur le coût salarial chargé de ma mission. Alors hein ! "
 
Là il s'est calmé.
 
Et il a dit (le patron) : " Bon, faites ce qu'on vous dit et on verra... "
Et il s'est cassé...
 
C'est tout vu ! Il me l'a déjà fait plein de fois, y compris quand il m'a filé la voiture de service et où il m'avait promis une "petite augmentation" pour compenser, qu'il ne m'a bien sur jamais donné...
(C'est à dire que pour chacun d'entre nous "petite" à une signification quantitative variable, mais pour lui, ça doit valoir zéro Euro)
On croirait voir l'Avare de Molière, ou de Funès dans la folie des grandeurs.
 
Quand au grand ancien lieutenant colonel de mes deux, ci-devant responsable commercial également toujours de mes deux, dont les opérations militaires les plus spectaculaires ont été d'inviter à danser la fille de Madame la Générale de Brigade, au bal du "Génie", (dont il est d'ailleurs totalement dépouvu), il m'a dit qu'il allait m'envoyer une lettre sur ce rappel à l'ordre vestimentaire...
 
Je vais bien voir les termes de sa lettre...
Et suivant les termes, je vais lui balancer un de ces missiles littéraires en retour, car en matière épistolaire, je ne crains personne et surtout pas lui...
 
Affaire à suivre...

Enfin... J'ai quand même  dominé le set verbal en simple contre une équipe qui jouait en double... ( deux piètres joueurs)... Mais comme chacun sait : Le patron a toujours raison, puisque c'est lui qui tient les cordons de la bourse...

Quand je suis sorti, au bout du couloir tout le personnel était groupé pour écouter (La porte étant restée ouverte. J'ai été  félicité chaudement par tous ces gens qui rêvaient que quelqu'un fasse ce qu'eux mêmes n'osaient pas faire...
      
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Commentaires
T
je vois très bien la scène, et j'aurais eu la même attitude !<br /> <br /> Mais le patron de l' usine comme celui du commercial me connaissaient, celui d'usine a une fois mis la main sur moi, et s' est retrouvé dans le couloir aussi vite.<br /> <br /> à chaque fois que je voulais une augmentation, j' allais à la concurrence, et demandais qu'ils m' écrivent un contrat !<br /> <br /> Et ce contrat je leur mettais sous les yeux !<br /> <br /> où ils suivaient, ou je me barrais !<br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> Amitié
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L
Bravo. Heureusement que de temps en temps il y a des gens courageux (si peu souvent !)
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A
Lorsque j'étais convoqué chez le patron c'était souvent pour me dire de me taire sans qu'aucune fois je n'ai eu quelque chose à me reprocher.<br /> <br /> Une fois j'ai été convoqué parce que je n'étais pas sur mon lieu de travail, pour sûr j'étais à une réunion avec le patron, et je n'ai pas le don d'ubiquité :)<br /> <br /> A pluche.
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zalandeau
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